Nomophobie
Qu’est ce que la nomophobie ?
Vous cherchez la définition de Nomophobie ? Pas évident de la deviner… La Nomophobie désigne l’angoisse excessive à l’idée d’être séparé de son téléphone, de ne pas pouvoir s’en servir. Ce qui engendre des stratégies d’évitement. C’est bien plus qu’une addiction. Un mélange d’anglais et de grec : « no mobile phone phobia » ce qui contracté donne : Nomophobie. Un mot-valise élu mot de l’année 2018 par le comité du Cambridge Dictionary. Oui, un mot inventé pour décrire la peur de vivre sans son téléphone.
Sommes-nous tous un peu nomophobes ? Ou dépendants ? Quels sont les symptômes ? Les conséquences ? Les clés et les solutions pour se déconnecter ?
Des exemples concrets de nomophobie
Une personne dite nomophobe souffre d’une véritable dépendance à son téléphone portable qui se transforme en phobie. La phobie de se retrouver privée de l’utilisation de son téléphone…
Cela se trahit par une peur panique à l’idée de :
- Perdre ou oublier son téléphone
- Casser son téléphone
- Se faire voler son téléphone
- Ne plus avoir de batterie
- Ne pas avoir de réseau internet
- Ne pas pouvoir utiliser une application jugée indispensable
Cette anxiété démesurée est liée à l’essor des nouvelles technologies. Alarmistes ? Non préventifs et informatifs
Même si ce trouble n’est, pour le moment, pas répertorié par le DSM-V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), il est considéré, par les chercheurs en psychiatrie, comme une maladie du monde moderne, engendrée par la communication virtuelle.
Cette addiction au téléphone portable est parfois, surtout chez les sujets jeunes, corrélée aux troubles de la personnalité, ou à des désordres comme des troubles obsessionnels compulsifs ou une anxiété d’interaction sociale.
Tous un peu nomophobes ? L’étude conduite par la UK Post Office en 2008 a révélé que 53% des utilisateurs de téléphones mobiles présentaient des symptômes d’anxiété en cas de perte, de mauvaise couverture réseau ou de batterie faible.
Signes d’une dépendance au smartphone
L’heure est venue de s’avouer, difficilement, que l’on se reconnaît, ou que l’on reconnaît quelqu’un, parmi certaines de ces manifestations, caractéristiques de l’addiction et de la dépendance au téléphone :
- Utilisation et consultation incessante du téléphone, dans la rue, chez les commerçants, dans les transports, avec des amis, en famille, au travail… pour vérifier, à l’excès leurs messages et réseaux sociaux.
- Peur panique avec une sensation d’étouffer lorsqu’on ne retrouve plus son téléphone, qu’on le croit perdu ou cassé, lorsqu’il est impossible de le recharger, de le connecter.
- Besoin d’avoir son téléphone sur soi, le sentir (dans la poche, la main, sous l’oreiller….)
- Désir irrépressible de répondre aux sms, mails, appels, commentaires dans l’immédiat, et parfois, un repli sur soi
« J’ai eu peur ! J’ai cru que j’avais perdu mon téléphone, mais heureusement il est là ! Quel stress, j’ai toute ma vie dedans! » qui n’a jamais prononcé cette phrase…
Reportage Envoyé Spécial : "Smartphone : sommes-nous tous accros ?"
Ce jeudi 10 septembre, France 2 a diffusé un reportage sur l'addiction au smartphone et sur la nomophobie :
https://www.france.tv/france-2/envoye-special/1925965-smartphone-sommes-nous-tous-accros.html
Signes de la nomophobie
En cas de nomophobie, on retrouve bien évidemment les symptômes d’addiction au portable évoqués au dessus, auxquels vont s’ajouter :
- Des phobies : La personne nomophobe va mettre en place des stratégies d’évitement pour ne jamais être privée de portable : toujours un chargeur ou deux sur soi, elle évite les lieux sans réseau ou qui « captent mal », ces comportements vont l’empêcher de s’impliquer dans des loisirs quotidiens.
- Une crise d’angoisse si elle est privée de son téléphone, avec des tremblements, tachycardie, sueurs, sensation d’étouffer et d’oppression thoracique, des sensations de boule dans la gorge et dans le ventre, voire des nausées et vomissements, des douleurs abdominale…
- On parle de «trouble » si le patient ressent une souffrance, et qu’il perd le contrôle du téléphone et se sait incapable de se réguler.
La nomophobie, est donc un trouble qui va altérer le quotidien de la personne qui et peut même représenter un danger physique : impossible de résister à l’envie d’envoyer un SMS, alors qu’elle est en train de conduire par exemple ou de traverser la route.
Les causes de la nomophobie
La probabilité d’être nomophobe augmente chez un individu ayant un fort besoin de récompenses. Les personnes très sociables présentent, à l’inverse, un risque moindre de développer cette addiction. La psychologue Carine Grzesiak précise que « La nomophobie est en lien direct avec le fort développement de la dépendance à l’information et à l’instantanéité des interactions via les réseaux sociaux ».
L’arrivée des smartphones, a permis d’être en permanence connecté au monde par le biais d’Internet et des réseaux sociaux. Mais qu’est ce que cela révèle ?
Quelles sont les causes profondes de la nomophobie ?
Pour les personnes nomophobes, la peur d’être privées de leur smartphone symbolise plutôt la peur d’être isolés, coupés du monde. Et un nouveau phénomène la FOMO : la peur de rater quelque chose, qui nous pousse à vérifier de manière compulsive son fil d’actualités Facebook, ses notifications, mails, messages, whatsapp, stories Instagram pour être certain de ne rien rater… la FOMO, Encore un mot nouveau, On vous explique tout.
L’ennui peut aussi être une cause possible d’addiction au portable et de nomophobie.
Une fuite du « monde réel ». On réalise que notre vie de famille, couple, notre travail n’est pas ce qu’on avait rêvé, projeté. Alors on préfère scroller (faire défiler machinalement avec son pouce), envoyer des photos, vidéos, répondre aux commentaires qui remplissent la tête et l’esprit et empêchent de ruminer.
Cette addiction au téléphone portable est parfois, surtout chez les sujets jeunes, corrélée aux troubles de la personnalité, ou à des désordres comme des troubles obsessionnels compulsifs ou une anxiété d’interaction sociale.
Différence entre addiction au smartphone et nomophobie
Les deux vont de pair. La dépendance au téléphone peut mener à la nomophobie. Comment cela se traduit ? Par deux critères : l’angoisse exagérée à l’idée d’être privé de son téléphone et des stratégies d’évitement de ses peurs : on l’a toujours sur soi, on vérifie qu’on l’a et l’on envisage toutes les solutions de secours…Comme indiqué dans le paragraphe plus haut.
Quelles sont les conséquences si l’on est addict ou nomophobe ?
On parle de dépendance ou d’addiction quand il y a une perte de contrôle sur l’objet. On n’arrive plus à être maître du jeu. Évidemment cela va impacter notre vie à tous les niveaux :
- Sphère familiale : perte de dialogue et de moments passés ensemble, chacun reclus sur son écran. De nombreux conflits sont liés au sujet des écrans.
- Sphère amoureuse : moins d’interactions, vie sexuelle en berne, comparaison aux autres couples sur les réseaux ce qui crée une frustration.
- Sphère amicale : moins à l’écoute, moins présent, les amis s’agacent de vous voir sur notre téléphone « de ne pas être vraiment là ». Certains accro vont préférer rester chez soi, sur leur téléphone plutôt que d’accepter une sortie entre amis. L’addiction est alors flagrante et dangereuse.
- Sphère professionnelle ou scolaire : moins efficace au travail, diminution de l’attention, sur-sollicitation ce qui peut conduire à des formes de burn-out. Une avalanche de notifications, mails, messages vont créer du stress et nous poussent à répondre dans l’immédiat. Voir notre prochain article sur le sujet.
- Sphère bien-être: des angoissés liées au téléphone, un sommeil réduit, une fatigue insidieuse, une perte de confiance en soi, une passivité se met en place.
Qui est le plus touché par la nomophobie ?
Facile à deviner ? Oui et non. Les adolescents et jeunes adultes sont concernés mais aussi les cadres dynamiques.
La catégorie 18-25 ans reste la première cible. L’addiction au portable manifeste la peur sous-jacente d’être isolé du groupe. Pour beaucoup, être privé de réseaux sociaux ou de jeux vidéos est synonyme de perte sociale.
Pour les jeunes cadres dynamiques, la nomophobie révèle plutôt l’angoisse de performance professionnelle qui leur intime d’être constamment joignables et réactifs.
Le traitement de l’addiction au téléphone
Car oui, même si le terme d’ « addiction » paraît exagéré, beaucoup sont dans le déni et refusent de s’avouer dépendant au téléphone. On pense tous avoir le contrôle sur notre téléphone non ? Si vous êtes encore sur cette page c’est que vous vous interrogez et vous cherchez des solutions. Nous aussi.
La prise de conscience : réaliser que l’on est dépendant est un pas de géant. C’est l’étape par laquelle on doit passer pour agir ensuite.
En cas d’addiction légère, il est possible de se « sevrer » tout seul. Avec quelques astuces qu’on vous donne dans un autre article.
Le traitement de la nomophobie
En cas de nomophobie, une prise en charge psychologique apparaît comme le soin le plus adapté et propice puisqu’un travail sur les phobies et les causes sera réalisé :
- Une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pourrait être envisagée pour permettre de modifier ses manières d’agir, donc d’être amené à interagir différemment, de façon plus mesurée, avec son téléphone mobile.
- Une TPI, thérapie interpersonnelle, sera aussi adaptée pour recréer du lien, aider les personnes chez qui l’addiction au portable engendre de l’isolement.
« Il faut adapter la thérapie à la génèse de la phobie », indique le docteur Neveux. Il souligne que certaines psychothérapies ont fait leurs preuves, scientifiquement, dans le traitement de nombreuses phobies, et sont aptes à soigner ces phénomènes de dépendance aux portables.
Traiter les symptômes d’angoisse engendrés par la nomophobie peut également passer par une prise d’anxiolytiques, qui doit être limitée dans le temps.
Les plantes, comme la valériane et mais aussi la relaxation, la méditation sont de véritables alternatives aux anxiolytiques dans le traitement des angoisses. Il est indispensable de demander conseil à son médecin ou son pharmacien.
Prévenir la nomophobie
Prévenir la nomophobie passe avant tout, par l’emploi modéré des écrans dès le plus jeune âge et par l’éducation avec l’apprentissage des limites.
La prévention de la nomophobie pourra passer par la connaissance des traits de personnalité
Parmi les personnes à risque, on retrouve certains traits spécifiques de personnalité :
- Attrait pour des situations nouvelles
- Imagination importante
- Impulsivité
- Tendance à la dépression
- Personnalité extravertie
Ce sont des facteurs pouvant conduire la nomophobie.